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T5.1 Protocoles de routage⚓︎

1. Problématique du routage⚓︎

On prend exemple sur le réseau (du moins un extrait) d'un hôpital:

Dans ce réseau les différentes machines doivent communiquer entre elles.

Cas n°1

La machine A d'adresse IP 192.168.1.5 veut communiquer avec la machine B d'adresse IP 192.168.1.15. Grâce au masque de sous-réseau, A comprend que B fait partie du même réseau local: les paquets de données seront acheminés par le switch du réseau 192.168.1.0/24.

Cas n°2

La machine A d'adresse IP 192.168.1.5 veut communiquer avec le serveur SP qui ne fait pas partie du même sous-réseau. Les paquets de données vont donc être envoyés à la passerelle du réseau 192.168.1.0/24 : le routeur R0, via son interface 192.168.1.254.

Routeur, interface et passerelle

Les réseaux locaux peuvent être reliés entre eux par l'intermédiaire de routeurs. Il ne faut jamais perdre de vue qu'Internet résulte de l'interconnexion de réseaux par des routeurs.

Un routeur est composé d’un nombre plus ou moins important d’interfaces réseau (cartes réseau). Les routeurs les plus simples que l’on puisse rencontrer permettent de relier ensemble deux réseaux (ils possèdent alors 2 interfaces réseau), mais il existe des routeurs capables de relier ensemble une dizaine de réseaux. N'importe quel ordinateur peut jouer le rôle de routeur (à partir du moment où il possède au moins 2 interfaces réseau), mais on rencontre souvent des «machines» dédiées (par exemple de marque CISCO):

Chaque carte réseau d'un routeur possède une adresse IP propre : par exemple le routeur R0 possède 4 cartes réseau d'adresses 192.168.1.254, 58.187.10.254, 112.85.30.254 et 54.25.20.254. Selon le sens de transmission des paquets, on parle d'interface ou de passerelle:

  • interface : c'est l'adresse IP de la carte réseau du routeur par où va sortir le paquet à envoyer. Il y a donc toujours une adresse d'interface à renseigner (car un paquet sort bien de quelque part !). Parfois cette interface sera juste nommée interface1 ou interface2., ou bien encore eth0, eth1, etc.

  • passerelle : c'est l'adresse IP de la carte réseau du routeur à qui on va confier le paquet, si on n'est pas capable de le délivrer directement (donc si l'adresse IP de destination n'est pas dans notre propre sous-réseau). Cette adresse de passerelle n'est donc pas systématiquement mentionnée. Quand elle l'est, elle donne le renseignement sur le prochain routeur à qui le paquet est confié.

Reprenons le cas n°2 : comment le routeur R0 va-t-il faire pour envoyer le paquet au serveur SP? Puisque le réseau du serveur SP ne fait pas partie du même réseau que R0, il faut que celui-ci le confie à un autre routeur, et ainsi de suite jusqu'à un routeur qui soit dans le réseau local du serveur SP, c'est-à-dire le routeur R5.

Pour savoir à quel routeur il faut envoyer les paquets de données, un routeur possède une table de routage: c'est un tableau qui va contenir des informations permettant au routeur d'envoyer le paquet de données dans la "bonne direction".

Exemple de table de routage

Voici ce qui pourrait être un extrait de la table de routage du routeur R0.

Réseau (destination) Interface Passerelle
192.168.1.0 192.168.1.254
112.85.30.0 112.85.30.254
84.111.10.0 112.85.30.254 112.85.30.1

Les deux réseaux 192.168.1.0 et 112.85.30.0 sont directement accessibles au routeur R0, puisqu'il en fait partie : il n'a donc pas besoin d'adresse passerelle pour communiquer avec ces réseaux.

Par contre, la communication avec le réseau 84.111.10.0 nécessite de confier le paquet au routeur R3 (c'est le choix de cette table de routage). Il faut donc mentionner l'adresse IP de ce routeur R3 (112.85.30.1), qu'on appelle adresse de passerelle.

Notons que cette table est simplifiée, on peut préciser également le masque de sous-réseau (netmask) ainsi qu'une métrique qui désigne le coût de la liaison.

Comment sont construites les tables de routage ?

  • Soit à la main par l'administrateur réseau, quand le réseau est petit : on parle alors de table statique.
  • Soit de manière dynamique : les réseaux s'envoient eux-mêmes des informations permettant de mettre à jour leurs tables de routages respectives. Des algorithmes de détermination de meilleur chemin sont alors utilisés : nous allons en découvrir deux, le protocole RIP et le protocole OSPF.

Tables de routage simplifiées

Dans certains exercices de BAC, les tables de routage seront réduites au strict minimum et contiendront plutôt des noms de routeurs plutôt que des adresses IP (voir exercice 2 par exemple).

2. Le protocole RIP⚓︎

Principe du protocole RIP

Le Routing Information Protocol (RIP) est basé sur l'échange des tables de routage de chaque routeur.

Au début, chaque routeur ne connaît que les réseaux auquel il est directement connecté, associé à la distance 1.

Ensuite, chaque routeur va recevoir périodiquement (toutes les 30 secondes) la table des routeurs auquel il est connecté, et mettre à jour sa propre table en ne retenant que les informations les plus pertinentes : une simple comparaison permet de ne garder que le chemin le plus avantageux. Il transmettra à son tour ces informations à ses voisins et ainsi de suite.

Le protocole RIP cherche donc à minimiser le nombre de routeurs traversés, ce qu'on appelle le nombre de sauts et qui correspond à la métrique utilisée.

Si le réseau n'évolue pas (panne ou ajout de nouveau matériel), les tables de routage convergent vers une valeur stable : elles n'évoluent plus.

Si un routeur ne reçoit pas pendant 3 minutes d'information de la part d'un routeur qui lui avait auparavant communiqué sa table de routage, ce routeur est considéré comme en panne, et toutes les routes passant par lui sont affectées de la distance infinie : 16.

Remarques et inconvénients:

  • Le protocole RIP n'admet qu'une distance maximale égale à 15 (ceci explique que 16 soit considéré comme la distance infinie), ce qui le limite aux réseaux de petite taille.
  • Chaque routeur n'a jamais connaissance de la topologie du réseau tout entier : il ne le connaît que par ce que les autres routeurs lui ont raconté. On dit que ce protocole de routage est du routing by rumor.

Exercice 1 : RIP débranché

PDF réseau

  1. Construire pas à pas les tables de routage du réseau de l'hôpital.
  2. Le serveur SP doit transmettre des données au service de radiologie en effectuant le moins de sauts possibles. Citer les routeurs parcourus par le paquet.
  3. Suite à une opération de maintenance, le routeur R1 est déconnecté. Plus aucun paquet ne peut transiter par ce routeur.

    Déterminer une nouvelle route empruntée par les paquets en citant les routeurs dans l'ordre.

Exercice 2

On donne les tables de routage d'un réseau informatique composé de 5 routeurs (appelés A, B, C, D et E), chacun associé directement à un réseau du même nom, obtenues avec le protocole RIP :

Destination Métrique
A 0
B 1
C 1
D 1
E 2
Destination Métrique
A 1
B 0
C 2
D 1
E 2
Destination Métrique
A 1
B 2
C 0
D 1
E 2
Destination Métrique
A 1
B 1
C 1
D 0
E 1
Destination Métrique
A 2
B 2
C 2
D 1
E 0
  1. Donner la liste des routeurs avec lesquels le routeur A est directement relié.
  2. Représenter graphiquement et de manière sommaire les 5 routeurs ainsi que les liaisons existantes entre ceux-ci.
  3. On établit désormais une liaison entre les routeurs C et E. Actualiser les tables de routages des 5 routeurs.
  4. Le routeur D tombe en panne. Actualiser les tables de routages des routeurs restants.

3. Le protocole OSPF⚓︎

Le protocole RIP ne tient pas compte de la qualité de la liaison, contrairement au protocole OSPF.

Principe du protocole OSPF

Le protocole OSPF (Open Shortest Path First) propose une approche tout à fait différente : au lieu de s'intéresser au nombre de sauts, on va chercher à optimiser le débit des liaisons empruntées. Pour cela, chaque routeur va devoir acquérir (par succession de messages envoyés et reçus) la connaissance de l'intégralité du réseau avec le débit associé à chaque lien afin d'appliquer un algorithme de recherche de chemin optimal.

L'idée du protocole OSPF est de pondérer chaque trajet entre routeurs (comptant simplement pour «1» dans le protocole RIP) par une valeur de coût inversement proportionnelle à la bande passante de la liaison.

Par exemple, si la bande passante \(BP\) est exprimée en bits/s, on peut calculer le coût \(C\) de chaque liaison par la formule :

\[C = \frac{10^8}{BP}\]

Les différents types de liaison et leur coût

On peut, approximativement, classer les types de liaison suivant ce tableau théorique :

Technologie BP descendante BP montante
Modem 56 kbit/s 48 kbit/s
Bluetooth 3 Mbit/s 3 Mbit/s
Ethernet 10 Mbit/s 10 Mbit/s
Wi-Fi 10 Mbit/s ~ 10 Gbits/s 10 Mbit/s ~ 10 Gbits/s
ADSL 13 Mbit/s 1 Mbit/s
4G 100 Mbit/s 50 Mbit/s
Satellite 50 Mbit/s 1 Mbit/s
Fast Ethernet 100 Mbit/s 100 Mbit/s
FFTH (fibre) 10 Gbit/s 10 Gbit/s
5G 20 Gbit/s 10 Gbit/s

Dans le réseau suivant, selon le protocole RIP, pour que l'ordinateur joigne le serveur, il faut emprunter le chemin R1 → R3...

Est-ce toujours le cas avec le protocole OSPF?

Non, il faut désormais emprunter le chemin R1 → R2 → R4. Avec OSPF, le plus court n'est pas forcément le plus rapide...

Déterminer le chemin le plus court

Avec l'algorithme de Dijkstra, c'est par ici.

Exercice 3: calculs de coûts

Dans cet exercice, on utilise la formule précédente pour calculer le coût \(C\) d'une liaison en fonction de la bande passante (\(BP\)) exprimée en bit par seconde:

\[C = \frac{10^8}{BP}\]

Compléter le tableau suivant :

Bande passante 250 Kbits/s 500 Kbits/s 100 Mbits/s
Coût 1000 10 2.5

Exercice 4

On reprend le réseau de l'hôpital, où l'on va appliquer le protocole OSPF. On donne les bandes passantes et les coûts des différentes liaisons dans le tableau suivant:

Liaison BP Coût Liaison BP Coût
R0-R1 500 Mbits/s 2 R1-R5 100 Mbits/s 10
R0-R2 100 Mbits/s 10 R2-R4 300 Mbits/s 4
R0-R3 300 Mbits/s 4 R2-R3 400 Mbits/s
R1-R2 10 Gbits/s 1 R4-R3 5
R1-R4 100 Mbits/s 10 R4-R5 1 Gbits/s 1

Pour calculer le coût d'une liaison, on utilise la formule

\[C = \frac{10^9}{BP}\]

\(BP\) est la bande passante de la liaison en bits/s.

Si le résultat du calcul n'est pas un entier, le coût est la valeur entière immédiatement supérieure.

  1. Calculer le coût de la liaison entre R2 et R3.
  2. Donner une bande passante possible de la connexion entre R3 et R4.
  3. Déterminer le chemin parcouru par un paquet partant du serveur patient SP vers le service de radiologie en utilisant le protocole OSPF. Préciser le coût de ce chemin.
  4. Suite à une opération de maintenance, la liaison R0-R1 est déconnectée: plus aucun paquet ne peut transiter par cette liaison. Déterminer une nouvelle route empruntée par les paquets en citant les routeurs dans l'ordre.

Exercice 5

On représente ci-dessous un réseau dans lequel R1, R2, R3, R4, R5, R6, R7 et R8 sont des routeurs. Le réseau local L1 est relié au routeur R1 et le réseau local L2 au routeur R8.

Les liaisons sont de trois types :

  • Eth : Ethernet, dont la bande passante est de 10 Mb/s ;
  • V1 : VDSL, dont la bande passante est de 50 Mb/s ;
  • V2 : VDSL2, dont la bande passante est de 100 Mb/s.

On rappelle que la bande passante d’une liaison est la quantité d’information qui peut être transmise en bits/s.

Le tableau ci-dessous précise les types des liaisons entre les routeurs.

Liaison R1-R2 R1-R3 R1-R4 R2-R4 R3-R4 R3-R6 R3-R7
Type Eth V2 Eth V2 Eth V2 Eth
Liaison R4-R5 R4-R7 R4-R8 R5-R8 R6-R7 R7-R8
Type V1 V2 Eth V1 V2 Eth

Pour tenir compte du débit des liaisons, on décide d’utiliser le protocole OSPF (distance liée au coût minimal des liaisons) pour effectuer le routage.

Le coût \(C\) d'une liaison est donné par la formule

\[C = \frac{10^9}{BP}\]

\(BP\) est la bande passante de la liaison en bits/s.

  1. Vérifier que le coût d’une liaison VDSL est égal à 20.
  2. Recopier le graphe en inscrivant les coûts des liaisons.

  3. Déterminer le chemin parcouru par un paquet partant du réseau L1 et arrivant au réseau L2, en utilisant le protocole OSPF.

  4. La liaison R1-R4 est remplacée par une liaison de type ADSL avec une bande passante intermédiaire entre celles de type Ethernet et VDSL.

    Quel devrait être le coût maximal de cette liaison pour que des paquets issus du réseau L1 à destination du réseau L2 transitent par celle-ci ? En déduire la bande passante minimale de cette liaison.

4. Exercices BAC⚓︎